Une armature territoriale avec des niveaux de services et commerces différenciés pour demain ?
Aujourd’hui, le territoire est marqué par la présence des communes relativement autonomes qui polarisent l’essentiel de l’offre en commerces, équipements et aménités et disposent d’une offre territoriale en termes d’équipements scolaires (lycée), de santé (hôpitaux) et de transports (Gares TGV pour certaines) qui attirent les flux. Ces communes se trouvent en partie dans le périmètre de l’étude : Cap-Breton, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Peyrehorade, Pouillon et Soustons. Il y a également des polarités qui sont à l’extérieur, mais à proximité immédiate :Dax, Orthez et Bayonne. On y va pour faire les magasins, les achats occasionnels, pour le lycée, l’hôpital ou bien pour des sorties culturelles et de loisir. L’accessibilité de ces communes depuis l’ensemble du territoire est un enjeu.
D’autres communes, plus petites, concentrent une offre en commerces, équipements et aménités de première nécessité. C‘est le cas de Labenne, Bénesse-Maremne, Soorts-Hossegor, Saubion, Saint-Geours-de-Maremne, Saubusse, Saint-Lon-les-Mines, Labatut et Habas dans le périmètre de l’étude et de Salies-de-Béarn, Romarez, Amou, Tarnos et Saint-Martin-de-Seignanx à proximité immédiate. Elles disposent d’une offre suffisamment variée et riche pour répondre aux besoins d’habitants qui habitent dans d’autres communes à proximité qui sont en « carence »[1]. Le renforcement de ces polarités secondaires, de l’offre présente et sa diversification sont des enjeux importants. L’accessibilité de ces communes depuis les communes qu’elles polarisent en modes actifs est donc un autre enjeu fort du territoire.s
Les élus sont d’accord sur le fait que la densité de population sur place ne permet pas de développer des services et commerces dans ces petites communes en « carence ». Des commerces ou des structures qui fonctionnent sur des modèles économiques alternatifs de type épicerie coopérative ou café associatif sont l’exception avec les commerces/aménités de grande qualité qui attirent de loin : les commerces de bouche, un restaurant étoilé … Il est également possible de développer davantage des commerces/services ambulants (boulanger, fromager, services publics …). Certaines communes, touchées par cette problématique de mobilité, ont déjà vu se développer ce type d’initiatives innovantes portées par des associations. Un cinéma en plein air est par exemple organisé dans les communes de Gaas, Pouillon, Misson et Habas. L’association se déplace à la demande des communes et installe, temporairement, son offre culturelle. Cet exemple illustre une solution adaptée aux contraintes locales ; peut-être pourrait-elle s’étendre à l’échelle du territoire auprès des communes porteuses des mêmes problématiques ?
Ces petites villes vivent avec la peur de voir un commerce ou d’une école se fermer. Si elles sont d’accord pour le renforcement des polarités secondaires, ça ne devra pas se faire au détriment des équipements et aménités existants. Elles tiennent à préserver leurs écoles, à avoir un lieu de rencontre et de convivialité, une petite épicerie … Ceci n’est possible que par une politique de logement qui permet aux jeunes ménages de s’installer sur le territoire.
Au sujet de la préservation des particularités gastronomiques des Landes, les communes, les grandes ainsi que les petites, s’accordent sur une vision commune : travailler un réseau de production locale avec vente directe. Les marchés sont donc considérés comme les outils majeurs, nécessaires à cette économie circulaire, à affirmer ou développer à l’échelle du territoire, à Labenne, Capbreton, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Saint-Geours-de-Maremne, Tosse, Saint-Martin-de-Hinx, Port-de-Lanne, Peyrehorade, Hastingues, Habas, Pouillon.
Un développement urbain restreint, une typo morphologie adaptée ?
Si l’ensemble des communes présentes à l’atelier est concerné par la pression démographique et souhaite mieux contrôler la croissance démographique et le développement de nouveaux logements, elles savent qu’elles ont besoin d’attirer davantage des jeunes ménages. Elles s’appuient actuellement sur la maîtrise foncière et le développement des lotissements municipaux pour mieux négocier avec les promoteurs. Il est également question de travailler sur des formes d’habitat intergénérationnel, partagé ou participatif pour valoriser les grandes propriétés laissées à l’abandon en centre-ville/centre-bourg et mettre en place un parcours résidentiel vertueux pour limiter l’étalement urbain. Enfin, il est nécessaire de travailler sur l’intégration des nouvelles constructions dans le tissu urbain existant et le paysage et de s’appuyer sur l’identité architecturale et paysagère pour développer une offre de qualité. Ces communes ont besoin d’être accompagnées en ce qui concerne l’ingénierie technique. Certaines travaillent d’ores et déjà avec le CAUE, d’autres avec la communauté des communes.
Une offre de loisirs à valoriser et conforter
Dans le cadre de la définition de la qualité du cadre de vie, le sport apparaît comme une caractéristique forte du territoire des Landes, avec quelques disparités selon les localités. La course landaise à Habas, Estibeaux, Mouscardès, Tilh ou Habas, la pelote basque à Hastingues, Orthevielle, Port-de-Lanne, Belus, Saint-Lon-les-Mines, Josse, Saubrigues ou Saint-Martin-de-Hinx, le rugby à Peyrehorade, Saint-Vincent-de-Tyrosse ou Soustons, le basket à Estibeaux, Misson, Pouillon, Cauneille, Saubrigues, Vieux-Boucau-les-Bains ou Labenne, le surf à Labenne, Capbreton, Soorts-Hossegor, Seignosse, Vieux-Boucau-les-Bains, Messanges ou Moliets-et-Maa ou encore la pêche, aux bords des fleuves et rivières. Ces pratiques participent à l’offre qualitative proposée par les communes, elles apparaissent comme de véritables atouts culturels et sociaux à conserver, voire même développer.
La dimension sportive rejoint rapidement, pour les communes, celle de la nature. Les spécificités géographiques, le rapport au grand paysage, l’accès à l’Adour, aux Gaves ou encore à des espaces préservés viennent nourrir le cadre de vie. Dans une logique prospective, l’enjeu se pose alors sur la question de l’accessibilité. L’accès au littoral depuis les communes du Pays d’Orthe et Arrigans, par exemple, n’est aujourd’hui possible qu’en voiture. Il semble nécessaire de mettre en place une offre de mobilités plus diversifiée pour demain : des voies vélos ? des vélos électriques mis à disposition en ligne service ? des chemins de randonnée ? un réseau de desserte en transports en commun jusqu’aux espaces naturels ?
Cette liaison sport/nature, très discutée, serait à accompagner pour certaines communes, d’un réseau sport/patrimoine. Les chemins de randonnée pourraient desservir des sites patrimoniaux, contribuer à l’attractivité et générer une forme d’économie liée au tourisme culturel. A Hastingues, Oeyregave et Sorde-l’Abbaye, les sites patrimoniaux seront bientôt reliés par des voies douces, afin d’affirmer leur poids culturel et permettre la lisibilité de l’offre patrimoniale.
Les polarités culturelles sont identifiées comme des atouts majeurs pour les communes, avec les cinémas, les théâtres, et surtout les festivals, les repas d’association et les animations. Certaines communes, comme Saint-Vincent-de-Tyrosse ou encore Saubrigues disposent d’équipements culturels à fort rayonnement. Différentes visions territoriales sont discutées entre les élus : développer des centralités culturelles attractives sur l’échelle du territoire ou conforter les polarités communales existantes ? Cette discussion est, à nouveau, nécessairement accompagnée de la problématique des mobilités. Comment rejoindre, un soir de semaine, le cinéma de Saint-Vincent-de-Tyrosse depuis Saint-Martin-de-Hinx, sans voiture ?
Burcu Ozdirlik et Elissa Al Saad D&A
[1] Enfin, certaines communes disposent d’une offre riche pendant la saison touristique qui se ferme avec le départ des touristes. Il est nécessaire de prendre en compte la saisonnalité de cette offre et dans l’analyse.